dimanche 1 novembre 2015

Crimson Peak (2015).

Crimson Peak est un film d'horreur américain coproduit, coécrit et réalisé par Guillermo del Toro, sorti en 2015.



Etat de New York, XIXE.
Edith Cushing est une jeune fille bien sous tous rapports, chérie par son père, riche entrepreneur. Elle rêve d'écrire, à l'image de Mary Shelley, des histoires fantastiques, et pense les envoyer aux journaux sous un nom d'homme, pour ne pas se faire rabaisser au rang d'"écriveuse d'histoires d'amour".

Un jeune Lord Ecossais mystérieux, Thomas Sharpe, accompagnée de son étrange soeur Lucille, vient quémander des fonds au père d'Edith. Celui-ci, fier d'être un self-made-man et méprisant la petite noblesse, réprouve fortement l'arrivée du jeune homme.

Malgré cela, une idylle semble naître entre Thomas et Edith, qui malgré les étranges incidents s'accumulant autour d'elle depuis l'arrivée des Sharpe, va céder à l'amour et suivre sa nouvelle famille en Ecosse, dans un manoir incroyablement délabré, et très visiblement hanté... Mais hanté par qui ? 






Guillermo Del Toro signe ici un film gothique.

Entre le film d'Halloween et celui de Noël, Crimson Peak est un film de genre, où tout est voué à l'esthétique. L'image, la photographie, la lumière, la bande-son sont absolument impeccables. A aucun moment, on ne bascule dans le cheap ou le kitsch, malgré un décor chargé, baroque, qui déborde de détails.
Les acteurs sont tous parfaits dans leur rôle. Jamais ridicule, j'ai beaucoup aimé le personnage d'Edith, une jeune fille émotive mais forte, amoureuse mais pas idiote, décidée, volontaire. Enfin une princesse un peu badass. Joie.
Lucille Sharpe est parfaite en hystérique, presque pas assez givrée à mon goût.
On évite avec bonheur l'horreur du cliché "La blonde gentille nunuche/la brune méchante méchante". Les deux personnages ont chacune plus de profondeur, et c'est appréciable.

Dans le rôle de Thomas Sharpe, en fragile manipulé, en proie à des désirs contradictoires, Tom Hiddleston fera encore frissonner les ados gothiques. Il semble privilégier les rôles de personnages torturés et complexes, et on apprécie la délicatesse de son jeu, qui ne se contente pas de reprendre Loki ou Adam.
La subtilité des éléments permet d'échapper avec brio à un éventuel côté "Disneyland", sans pourtant basculer dans le malsain... et c'est là que l'on peut se sentir frustré. Si vous vouliez du malaise, vous resterez sur votre faim. 
L'absolue perfection des décors de jeu vidéo, l'image léchée, les fantômes sublimes, ne vous retourneront pas les entrailles... Malgré le sang, la violence, et quelques jumpscares bien placés, on reste dans le joli, dans le feutré. Trop ?

C'est un style qui n'est pas sans rappeler celui de certains films récents de Tim Burton. J'ai beaucoup pensé à Dark Shadows en voyant Crimson Peak : c'est téléphoné sur le fond, mais les personnages sont attachants et profonds, c'est sympathique, c'est fouillé, c'est beau, et donc on aime, tout simplement. 




Note finale : 8/10

Un scénario somme toute très basique (on a plaisanté en sortant du cinéma, comparant le film à un épisode de Esprits Criminels : qui a tué ? Pourquoi ? Comment ?) compensé par la perfection de l'image. Un véritable conte victorien comme on aime en lire les soirs d'hiver au coin du feu. Crimson Peak n'est pas un film qui dérange, mais c'est un film superbe, à voir sur grand écran.