jeudi 15 mai 2014

Blood and Chocolate (Le goût du sang) (2007)

 



Blood and Chocolate

De Katja Von Garnier.
Une jolie blonde bulgare et lycanthrope de surcroît, promise au chef de meute, rencontre un humain artiste et se pose des questions existentielles. Croquer le beau gosse ou croquer le fruit défendu. Du sang, ou du chocolat (ha, ça y est, vous avez pigé le titre). Tout ça vous est servi, s'il vous plaît, par le réalisateur d'Underworld. On s'attend alors à de belles images. Et c'est le cas. Entre soirées "boom-boom-goth" et chasses dans la forêt loinaine, des petites rues de Budapest aux églises de campagne oubliées, on espère se laisser porter dans ce film aux tons bleus et vers sombres, et on attend.

On attend. Beaucoup. Beaucoup trop.
Dans ce film sans inspiration, les héros sont à peine esquissés.
On se frotte à une héroïne désespérément fadasse, dont la moue mécontente est censée représenter une âme torturée en proie à la rébéllion et à la peur. On sourit du héros mou aux faux airs d'artisteux façon Orlando Bloom, qui dessine du Brom à tour de bras. On est affligés face à la bande de branleurs décolorés plus cheap que des punks dans "Buffy".

Les seconds rôles ne sont pas tous mauvais, mais n'ont malheureusement pas le temps d'éclore. La "vieille" compagne (une bulgare de 40 ans est apparemment complètement périmée) sacrifiée de l'épouvantable mâle Alpha, l'arrogant prétendant à la tête de la meute, autant de personnages bâclés dont on aurait aimé connaître plus de choses.

On touche le fond avec le chef de meute, le nullissime Olivier Martinez, expressif comme une planche à découper (Ikea, 1€95). En VO, son accent français ne serait pas si risible s'il ne tentait pas de le transformer en catastrophique accent roumain, donnant à chacune de ses paroles un cachet de série B. Ca a au moins le mérite de le rendre amusant, véritable challenge quand on considère l'ampleur de son acting : on jurerait qu'il vient d'avaler un tube entier de constipants express. Encore un de ces acteurs qui pensent que ne pas remuer un cil est le summum de l'intensité, alors que ça nous rappelle désespérément une pub pour parfum de supermarché.
Un accent minable et des lentilles bleues pâles... le super-vilain est devant nous. Au secours.

Un autre aspect du film déconcerte totalement : le manque d'effets spéciaux, et même, à vrai dire, d'action.
Pour un film de garous, on est surpris : vous ne verrez qu'une seule véritable effusion de sang. Une scène courte durant laquelle une jeune fille effarouchée (elles sont toujours effarouchées, en nuisette devant un garou, étonnant), se fait gaiment étriper. Un bout de latex, un litre de sang, hop, c'est bouclé.
Les deux-trois scènes de "chasse" sont d'un ennui mortel, et le morphing "hop-je-saute-hou-des-paillettes-hop-je-suis-un-loup" est risible. N'espérez même pas croiser de véritable garou, nos monstres sont ici de vrais loups (et quelques braves chiens de traîneau, moins chers à la location).
Une bonne baston dans une église abandonnée aurait pu donner de la pêche à tout ça, mais arrivé là, on a déjà décroché. On attend la fin, la tête lourdement appuyée dans les mains, avec l'impression de regarder "Côte Ouest".
Bref : amateurs de suspense, de gore, ou de CGI, passez votre chemin.

On termine en douceur par la rôtisserie des méchants (bien fait, ha, ha), mais même de voir brûler vif Olivier Martinez n'a pas suffi à me remettre dans le bain. Je me suis ennuyée, profondément. On accueille le générique avec un terrible arrière-goût de trop peu, de "Mince, c'était presque bien". L'ambiance aurait PU être là.

Après réflexion, quand même, tout n'est pas à jeter dans ce gentil "Blood&Chocolate". Les décors sont superbes, vous ne rêverez plus que de visiter Budapest. La photographie est sans surprise, mais sans reproche. J'ai pensé à "Wolf" en le voyant : un film que vous pouvez voir avec vos parents, ou avec vos gosses. Si vous avez une pré-ado, elle sera peut-être emballée par une histoire d'amour impossible moins nazouille qu'un "Twilight".
Gentil, pas violent pour deux sous, j'aurais sans doute aimé le voir avant mes dix ans.

Note finale : 3/10

On regrette, à la fin, un film totalement consensuel au point d'en être chiant. Sur le fil de l'équilibre et du "all audiences approved", le public averti s'ennuie ferme. Dommage, il manquait peu de chose pour faire de ce "Blood&Chocolate" un drame sanglant... ou une sucrerie parodique.
 











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