Blood and Chocolate |
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De Katja Von Garnier. |
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Une jolie blonde bulgare et lycanthrope
de surcroît, promise au chef de meute, rencontre un humain artiste
et se pose des questions existentielles. Croquer le beau gosse ou
croquer le fruit défendu. Du sang, ou du chocolat (ha, ça y est,
vous avez pigé le titre). Tout ça vous est servi, s'il vous plaît,
par le réalisateur d'Underworld. On s'attend alors à de belles
images. Et c'est le cas. Entre soirées "boom-boom-goth" et
chasses dans la forêt loinaine, des petites rues de Budapest aux
églises de campagne oubliées, on espère se laisser porter dans ce
film aux tons bleus et vers sombres, et on attend.
On attend. Beaucoup. Beaucoup trop.
Dans ce film sans inspiration, les
héros sont à peine esquissés.
On se frotte à une héroïne
désespérément fadasse, dont la moue mécontente est censée
représenter une âme torturée en proie à la rébéllion et à la
peur. On sourit du héros mou aux faux airs d'artisteux façon
Orlando Bloom, qui dessine du Brom à tour de bras. On est affligés
face à la bande de branleurs décolorés plus cheap que des punks
dans "Buffy".
Les seconds rôles ne sont pas tous
mauvais, mais n'ont malheureusement pas le temps d'éclore. La
"vieille" compagne (une bulgare de 40 ans est apparemment
complètement périmée) sacrifiée de l'épouvantable mâle Alpha,
l'arrogant prétendant à la tête de la meute, autant de personnages
bâclés dont on aurait aimé connaître plus de choses.
On touche le fond avec le chef de
meute, le nullissime Olivier Martinez, expressif comme une planche à
découper (Ikea, 1€95). En VO, son accent français ne serait pas
si risible s'il ne tentait pas de le transformer en catastrophique
accent roumain, donnant à chacune de ses paroles un cachet de série
B. Ca a au moins le mérite de le rendre amusant, véritable
challenge quand on considère l'ampleur de son acting : on jurerait
qu'il vient d'avaler un tube entier de constipants express. Encore un
de ces acteurs qui pensent que ne pas remuer un cil est le summum de
l'intensité, alors que ça nous rappelle désespérément une pub
pour parfum de supermarché.
Un accent minable et des lentilles
bleues pâles... le super-vilain est devant nous. Au secours.
Un autre aspect du film déconcerte
totalement : le manque d'effets spéciaux, et même, à vrai dire,
d'action.
Pour un film de garous, on est surpris
: vous ne verrez qu'une seule véritable effusion de sang. Une scène
courte durant laquelle une jeune fille effarouchée (elles sont
toujours effarouchées, en nuisette devant un garou, étonnant), se
fait gaiment étriper. Un bout de latex, un litre de sang, hop, c'est
bouclé.
Les deux-trois scènes de "chasse"
sont d'un ennui mortel, et le morphing
"hop-je-saute-hou-des-paillettes-hop-je-suis-un-loup" est
risible. N'espérez même pas croiser de véritable garou, nos
monstres sont ici de vrais loups (et quelques braves chiens de
traîneau, moins chers à la location).
Une bonne baston dans une église
abandonnée aurait pu donner de la pêche à tout ça, mais arrivé
là, on a déjà décroché. On attend la fin, la tête lourdement
appuyée dans les mains, avec l'impression de regarder "Côte
Ouest".
Bref : amateurs de suspense, de gore,
ou de CGI, passez votre chemin.
On termine en douceur par la rôtisserie
des méchants (bien fait, ha, ha), mais même de voir brûler vif
Olivier Martinez n'a pas suffi à me remettre dans le bain. Je me
suis ennuyée, profondément. On accueille le générique avec un
terrible arrière-goût de trop peu, de "Mince, c'était presque
bien". L'ambiance aurait PU être là.
Après réflexion, quand même, tout
n'est pas à jeter dans ce gentil "Blood&Chocolate".
Les décors sont superbes, vous ne rêverez plus que de visiter
Budapest. La photographie est sans surprise, mais sans reproche. J'ai
pensé à "Wolf" en le voyant : un film que vous pouvez
voir avec vos parents, ou avec vos gosses. Si vous avez une pré-ado,
elle sera peut-être emballée par une histoire d'amour impossible
moins nazouille qu'un "Twilight".
Gentil, pas violent pour deux sous,
j'aurais sans doute aimé le voir avant mes dix ans.
Note finale : 3/10
On regrette, à la fin, un film totalement consensuel au point d'en être chiant. Sur le fil de l'équilibre et du "all audiences approved", le public averti s'ennuie ferme. Dommage, il manquait peu de chose pour faire de ce "Blood&Chocolate" un drame sanglant... ou une sucrerie parodique. |
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