mardi 20 mai 2014

Nina Satana



Amsterdam. Nina, fille d'avocat, se fait appeler Nina Satana et conjugue au pluriel tous les clichés de l'adolescente gothique, du décor de se chambre ultra-morbide aux multiples piercings et bagues à griffe. Elle doit posséder l'intégralité des vinyles de Manson et du catalogue X-Trax.

Au lycée, elle se fait régulièrement insulter par ses camarades, mais elle s'en fout.
Nina, adepte de Satan, vit dans sa bulle de dentelle noire.

L'arrivée de Mohammed, camarade marocain, va perturber son quotidien.
Amoureuse au premier regard, elle va séduire ce garçon malgré leurs origines et cultures diamétralement opposées.

Ce joli court-métrage peut se voir sur plusieurs niveaux.
Le scénario n'est pas des plus originaux, on pourrait même dire tout de suite qu'il est faiblard : une riche excentrique, un banlieusard musulman, choc des cultures, mais l'amour est le plus fort.
Bon. Ben regardons, hein.

Et là, étonnement : on se surprend à apprécier.

Les personnages sont justes et bien joués, avec une sensibilité adolescente bien retranscrite.
Nina, en gothique blasée, mais désirant plus que tout un élan bouleversant son quotidien.
Mohammed, en jeune homme sensible, tiraillé entre l'amour qu'il porte à sa famille et à sa culture, et ses envies de nouveauté, d'évasion.
Les deux touchent juste. Peut-être un peu trop facilement, mais ça passe.

Les personnages secondaires sont très réussis : le tatoueur légèrement pervers qui ne dirait pas non à une minette de 16 ans, le père dépassé par sa fille qu'il ne comprend plus, mais aussi la famille musulmane avec la mère polie et gênée devant les considérations plutôt rétrogrades de son mari, traditionaliste sans être ridicule. Tous ces acteurs endossent un rôle complètement cliché, mais le déclinent avec délicatesse et en sortent le meilleur.

A la limite, le seul qui m'a un peu fait grincer des dents est le prof trop cool, acceptant les dérives du look de Nina, l'agressivité entre élèves, pardonnant tout, comprenant tout, pédagogue et sympa jusqu'au bout des ongles. Personnellement je n'en ai pas connu des comme ça, mais comme je ne connais pas le système scolaire néerlandais, je ne vais pas trop m'énerver, peut-être qu'ils sont moins coincés qu'en province Française ;)


Niveau image, c'est parfois un peu amateur, avec des scènes bien "cramées" et des mouvements de caméra parfois hasardeux, mais en général, on a une jolie photographie. J'ai apprécié les scènes chez le disquaire, beaux contrastes (so dark) et belles couleurs.
Niveau bande-son, une majorité de Manson. Cela peut faire sourire, mais en somme, ça correspond assez bien à une lycéenne, donc... pourquoi pas.

Au final, donc, si on passe le côté mièvre du scénario, on a une jolie tranche de vie, bien interprétée, qui évite de tomber dans le glauque façon "zone interdite", et qui évite le mélodrame.


Note finale : 7/10
Je ne suis pas adepte des films d'amour (qui finissent bien), mais j'ai trouvé ce court métrage sympathique. Les acteurs sont sincères et l'image est jolie. Un épisode du lycée façon "la Boum", Manson en plus. Les anciens goth apprécieront, la larme à l'oeil, faisant couler leur rimmel.

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